À l’heure où les enjeux environnementaux s’imposent à tous les niveaux de l’action publique, la DGFIP affiche sa volonté de s’engager dans la transition écologique. Mais derrière les annonces, les chiffres et les plans, les contradictions demeurent. L’alliance CFDT-CFTC revient sur les avancées, les angles morts et les nécessaires inflexions d’une politique encore trop souvent dictée par des logiques administratives plutôt qu’écologiques.
C’est à notre demande que s’est enfin tenu un groupe de travail sur la politique d’éco-responsabilité de la DGFIP. Il a permis d’échanger sur le BéGES 2024 (Bilan des émissions des Gaz à Effet de Serre) qui sera publié en fin d’année ainsi que de présenter le plan de transition de la DGFIP.
Une action qui s’inscrit dans un plan plus global
La trajectoire de la DGFIP en matière d’éco-responsabilité s’inscrit dans un cadre global ministériel, européen voire international, avec des objectifs à l’horizon 2050 voire 2100. Dans ce contexte, en 2024, la DGFIP a consacré 15 M€ d’investissements au verdissement du parc automobile avec l’appui du Fonds Vert et 65 M€ ont été investis dans le cadre de la rénovation énergétiques des bâtiments. A entendre l’administration, les opérations menées dans les cités administratives qui bénéficient d’un investissement majeur doivent être regardées comme positives. Notre alliance ne partage pas cette analyse. Elle a à maintes reprises pointé au niveau ministériel les dysfonctionnements liés à l’inter-ministérialité des décisions. Si la DGFIP participe financièrement à la rénovation des cités administratives, la gestion y reste essentiellement préfectorale.
Une évaluation des déplacements à fiabiliser
L’ambition du BéGES est de mesurer l’empreinte écologique de la DGFIP. Le dernier BéGES a montré que 30 % des émissions des émissions de gaz à effet de serres proviennent des déplacements domicile-travail. Or ce calcul comporte de nombreux biais liés au mode de comptabilisation des GES. Ainsi le diagnostic parfait de l’émission de ces gaz ne pourra jamais être atteint mais il sera nécessaire de fiabiliser les données avec l’implication de tous les agents. La DGFIP se dit prête à sensibiliser ses agents et à les accompagner tout en insistant sur des changements de comportement individuel. Pour fiabiliser au possible ce calcul, l’alliance CFDT -CFTC propose d’ajouter aux actions de communication envers les agents, une meilleure circularisation des données techniques des initiatives locales et une fluidification des outils de suivi à l’adresse des services BIL.
Au vu de l’accroissement des déplacements domicile-travail consécutif au NRP (lire aussi La DGFiP face au défi de la transition écologique ) et aux « déménagements » en cours, l’alliance CFDT-CFTC est convaincue qu’il est possible de réduire cet impact grâce à l’implication de toutes et tous. La réflexion d’augmenter la durée d’usage des véhicules de service, actuellement de 7 ans maximum, nous semble aller dans le sens de l’éco-responsabilité.
Pour autant, nous refusons que sous couvert d’éco-responsabilité, certaines directions suppriment la mission des EDR ou réduisent les déplacements des agents nomades empêchant au mieux ces derniers d’exercer leurs missions et au pire méprisant leur sécurité.
Nous réitérons notre demande d’une politique ambitieuse d’octroi du télétravail face à des directions locales parfois très conservatrices, promouvant pour certaines le présentéisme.
Le numérique aussi a une empreinte écologique
Le BéGES fait ressortir que le numérique est à l’origine de 5 % des émissions de la DGFIP. Si ce chiffre est faible, c’est parce qu’il est lié à une consommation d’électricité d’origine nucléaire, qui ne rejette pas de CO₂, et est donc très peu émettrice de GES. En revanche, la DGFIP accroît mécaniquement son empreinte pour cause d’un besoin d’infrastructures plus récentes pour le développement du lac de données et d’applications disponibles. La DGFIP travaille à de nouvelles technologies pour rénover les data-centres, composés essentiellement de climatiseurs, dont la consommation électrique est facteur considérable de la dégradation du BéGES sur ce domaine.
Elle mène également des actions sur les matériels plus particulièrement sur les PC portables des agents pour rallonger leur durée de vie de 5 à 6 ans tout en sensibilisant sur « l’hygiène informatique » (appelée aussi mise à jour du socle) destinée à prolonger la durée de vie des équipements. Par la suite, les matériels font dorénavant l’objet d’un suivi de leur réemploi (vente, don, reconditionnement, recyclage…).
L’alliance CFDT-CFTC constate que la DGFIP s’engage pour des mesures visant à réduire le poids de l’empreinte numérique dans son BéGES. Pour autant, il reste à faire. Aujourd’hui de trop nombreux mél sont encore échangés. Nous considérons que la diffusion d’un guide des bonnes pratiques d’utilisation de la messagerie conduirait à réduire l’impact du numérique tout en diminuant la charge mentale liée aux courriels et contribuant in fine à l’amélioration des conditions de travail de nos collègues.
Répartition des émissions GES globales 320 000 tCO2eq +/- 19% (source BéGES DGFIP 2019)
37%
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Déplacement de personnes
20%
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Energie des bâtiments
8,5%
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Numérique et informatique
La circulaire 15 novembre 2023 rendant obligatoire la formation des cadres s’impose à la DGFIP. A ce jour, la formation à la transition écologique est déployée uniquement auprès des cadres. Un nouveau plan de formation pour 2026 doit tenir compte des moyens à déployer pour atteindre les objectifs du BéGES. Ces modules seront à destination de l’ensemble des agents, complétés de formations approfondies pour les ambassadeurs, les services du budget de la logistique et de l’immobilier ainsi que des gestionnaires des sites.
Pour l’alliance CFDT-CFTC, les formations auront atteint leur objectif, à savoir l’implication des agents, si elles sont dispensées en présentiel, configuration qui présente l’avantage d’avoir des échanges interactifs.
La transition écologique est un enjeu majeur. L’adoption du budget voté tardivement en début d’année 2025 n’a pas permis de fixer définitivement les crédits alloués mais la DGFIP assure qu’il ne s’agira pas d’une année blanche. Pour l’alliance CFDT-CFTC, la DGFIP doit maintenir ses engagements et ne pas céder au discours ambiant visant à reléguer l’écologie au placard des bonnes résolutions jamais tenues.