Semaine « en » 4 jours : Décryptage

Alors que la Fonction publique peine à recruter des candidats, lors de son discours de politique générale, le premier ministre tente une nouvelle manœuvre rhétorique : la généralisation de « la semaine en 4 jours » pour les fonctionnaires. L’objectif est clair : attirer les jeunes à embrasser l’Administration, et augmenter l’attractivité des métiers de la fonction publique. Pour cela, l’Etat n’hésite pas à jouer avec les mots.

Mais même si la sonorité est proche, ne vous y trompez pas, la semaine « en » 4 jours n’est pas la semaine « de » 4 jours !

La semaine « de » 4 jours sous-entend implicitement une baisse du temps et des charges de travail alors que ce n’est pas le cas pour la semaine « en » 4 jours. En effet, les fonctionnaires ne travailleront pas moins. C’est même tout le contraire, ce sera une intensification du travail avec des journées plus longues qui conduiront à un risque non négligeable de la baisse productivité et surtout une hausse de la fatigue dont les effets sur la santé et sur les accidents du travail sont à prendre en compte sérieusement.

Cette possibilité de compresser une semaine de 5 jours en 4 jours ne séduira que très peu les fonctionnaires comme l’a montré l’expérimentation effectuée à l’URSSAF Picardie n’ayant convaincu que 3 agents sur 200. Pour la CFTC DGFIP, seuls les agents ayant de fortes contraintes de transport ou exerçant des missions non télétravaillables s’interrogeront du bénéfice de cette nouvelle opportunité.

Pour la CFTC DGFIP, aujourd’hui, il faut aller plus loin et proposer la personnalisation du temps de travail adaptée à la vie personnelle et accompagnée d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle tout en veillant à ce que le collectif de travail ne soit pas abandonné.

Alors que les Directions locales font le tour des services pour recenser les volontaires pour participer à l’expérimentation, la CFTC DGFIP s’interroge, en l’absence de tout cadrage connu, sur les modalités concrètes de mise en œuvre notamment en regard des régimes horaires et des incidences de cette nouvelle organisation sur sa compatibilité avec les règles en vigueur relatives aux jours ARTT.

Ainsi, on peut légitimement penser que les horaires variables pour un agent à temps complet sur une période de 4 jours n’offriront qu’une seule option de durée quotidienne forcément élevée, sans doute assortie d’un amoindrissement du nombre de jours ARTT. Dans ces conditions, les agents pourront aussi dire adieu aux jours de récupérations qui seront inatteignables.

Vigilance donc avec la semaine « en » 4 jours, la CFTC DGFIP n’y est pas fermée mais reste prudente sur le sujet.

De même, la CFTC DGFIP ne croit pas au bénéfice pour tous les agents d’une telle mesure et encore moins qu’il puisse s’agir d’un remède à la baisse de l’attractivité de la fonction publique.