Prime d’attractivité : universelle panacée ?

La nouvelle idée de la DGFIP a surgi en plein été, en pleine canicule.

Alors que jusque là la « récompense pécuniaire » était liée à des contraintes ou particularités géographiques ou économiques de certains territoires, la DGFIP va encore plus loin pour «  fidéliser les agents »en instaurant une prime d’attractivité de 10 000€ sur certains postes pour lesquels elle a pointé des difficultés de recrutement.

Au moyen d’un appel à candidatures spécifique, elle entend, grâce à l’appât du gain, recruter 111 agents A+, A, B ou C d’ici à la fin 2022 sur ces postes.

Est-ce pour autant la bonne réponse à la problématique ?

Est-ce la seule réponse possible à la réelle question : pourquoi ces postes, bien que n’étant pas tous situés dans des régions ou zones géographiques particulières, n’attirent pas les agents ?

Est-on certain que la prime d’attractivité, d’un montant certes conséquent en contrepartie d’une fidélité de 5 ans, suffira pour atteindre l’objectif de combler ces vacances ?

Notons que procéder en plein été à un appel de candidatures va mécaniquement entraîner un dépeuplement de certains services sans doute déjà en limite gérable de sous effectif.

Notons également que certains postes se situent au sein de services « relocalisés » dont pourtant il avait été vanté que les implantations retenues garantissaient l’attractivité. Serait-on allé un peu vite en besogne d’affichage ?

Avec cet apparent micro évènement au cours de l’été 2022, nous sommes au cœur du problème de l’attractivité de la DGFIP et au-delà, de la fonction publique.

– Rémunération et positionnement dans la société : dégradés

– Évolutions de carrières : de plus en plus bridées

– Formation initiale : peu rassurante pour une première prise de poste dans des missions souvent en souffrance par manque de personnel.

– Restructurations permanentes qui concourent à la perte du sens des missions.

Si en plus les emplois sont localisés dans des zones peu attractives en terme d’infrastructures, alors le déficit d’attractivité sera total.

L’attribution d’une prime d’attractivité liée au poste, sous couvert du lancement d’une énième expérimentation, est le double signe que la DGFIP est aux abois. D’une part elle agit dans l’urgence, sans anticipation ni réflexion, d’autre part elle prend sciemment le risque de la fracturation de son « corps social » en instaurant une forme déguisée de rémunération personnalisée et en poursuivant l’extension du champ du recrutement au choix.

Pour la CFTC DGFIP qui le demande depuis des années, il convient de remettre les choses dans l’ordre et commencer par une réflexion sur le périmètre de nos missions. Il convient d’arrêter de les bousculer au gré de réformes successives et incessantes, destinées à donner l’illusion que nous continuons à tout faire bien. Les agents ne sont pas dupes et sont bien conscients que trop souvent les résultats affichés sont bien loin de la réalité qui est celle de toujours faire plus avec moins de moyens humains.

Il est urgent de stabiliser les missions et leur rôle dans la société et d’y consacrer les moyens humains nécessaires.

Il est urgent de donner de la visibilité aux agents de la DGFIP.

Il est urgent de donner de l’espoir et de la confiance aux agents de la DGFIP.

Il est urgent de reconnaître concrètement l’accroissement de leurs compétences et revaloriser en conséquence leurs régimes indemnitaires.

C’est à ces conditions qu’on leur donnera envie d’y rester.

La CFTC DGFIP sera partie prenante d’une telle démarche si elle venait à s’engager réellement.