IA, fraude fiscale et moyens humains : la CFTC DGFIP rappelle une vérité simple… rien ne remplace les agents

À la DGFIP, nous entendons régulièrement le même discours :
« L’intelligence artificielle va moderniser le contrôle fiscal, optimiser les ressources, compenser les suppressions de postes. »

Pourtant, derrière ce storytelling technologique, la réalité vécue par les agents est toute autre.
Et les constats du rapport parlementaire publié en juillet 2024 viennent confirmer ce que nous répétons depuis des années : l’IA ne réparera jamais la casse des effectifs ni l’épuisement des équipes.

L’IA est un outil, pas un remède miracle

Oui, l’administration utilise l’IA avec le data mining par exemple. Oui, ces outils peuvent repérer certains signaux faibles. Mais pas un seul dossier ne peut être contrôlé sans un agent derrière : pour vérifier, comprendre, analyser, écouter, investiguer, sécuriser.

Les agents le savent bien : aucun algorithme n’a le sens du service public, de l’équité, de la nuance, ni du discernement humain.

15 % d’effectifs en moins : un malaise que l’IA ne comblera jamais

Entre 2016 et 2022, les effectifs du contrôle fiscal sont passés de 12 303 à 10 427 ETP.
C’est 1 876 postes en moins, alors que l’évasion fiscale représente entre 80 et 120 milliards d’euros chaque année.

Pour justifier ces coupes, on nous parle de “gains de productivité”.
Sauf que :

  • ces gains n’ont jamais été mesurés,
  • l’impact réel de l’IA n’a jamais été évalué,
  • la centralisation des outils a fait perdre des compétences aux services déconcentrés.

Autrement dit : on supprime des postes à l’aveugle, sans aucune preuve que l’IA compense quoi que ce soit.

Ce que dit la CFTC : derrière les chiffres, il y a des agents qui tiennent la maison

La CFTC DGFIP veut remettre au centre ce que trop de décideurs oublient :
Ce sont les agents qui permettent à l’État de fonctionner.
Ce sont les agents qui garantissent la justice fiscale.
Ce sont les agents qui réparent les bugs, qui expliquent, qui accompagnent, qui contrôlent, qui recouvrent.

Et aujourd’hui, les charges explosent ; les compétences se perdent ; les recrutements ne compensent pas et les services de terrain tirent la sonnette d’alarme.

L’IA n’y changera rien.
Seul un investissement humain redonnera de la solidité à la DGFIP.

Les revendications CFTC DGFIP : claires, cohérentes, humaines

1. Restaurer et renforcer les effectifs

C’est la condition numéro un pour lutter efficacement contre la fraude fiscale.
Les 15 % d’effectifs perdus doivent être reconstitués, avec une vraie visibilité pluriannuelle.

2. Former tous les agents aux nouveaux outils

On ne peut pas lancer des technologies sophistiquées sans accompagner ceux qui doivent les utiliser.
Chaque agent doit pouvoir être formé, pas seulement en centrale.

3. Redonner des compétences et du pouvoir d’action aux services déconcentrés

Les équipes locales doivent retrouver de la maîtrise, des marges de manœuvre, de la technicité.

4. Évaluer sérieusement l’IA

La CFTC demande :

  • une mesure transparente des coûts,
  • une évaluation de l’efficacité réelle,
  • une comparaison entre dossiers ciblés par IA et dossiers ciblés par l’expertise humaine.

Pas pour freiner l’innovation.
Pour lui donner du sens.

5. Replacer l’humain au centre du contrôle fiscal

Le contrôle fiscal, ce n’est pas de la data ; c’est une mission de souveraineté.
Elle doit rester portée par des agents formés, expérimentés et respectés.

La CFTC DGFIP le dit haut et fort

Oui, l’IA est un outil utile.
Non, elle ne remplacera jamais les femmes et les hommes de la DGFIP.

Si nous voulons récupérer une partie des 80 à 120 milliards d’euros qui échappent à la solidarité nationale, il faudra cesser de croire à la magie technologique et réinvestir dans les agents.

Des agents nombreux.
Des agents formés.
Des agents considérés.
Des agents qui font vivre chaque jour la justice fiscale et la République.

L’IA peut aider.
Les agents, eux, font le travail.