Les enjeux du CREP dans la carrière des agents de la DGFIP

Les Lignes directrices de gestion (LDG) ont placé le CREP au cœur du dispositifs des promotions et des mutations. Le CREP est donc devenu l’outil déterminant pour les promotions – sélections et examen professionnel – mais aussi dans le cadre du recrutement au choix. C’est pourquoi, les agents évalués traquent dans leur CREP le moindre mot qui pourrait entacher leur chance de promotion ou de mutation.

La CAP de recours a permis d’appréhender la définition d’un cadre A à la DGFIP et vos élues n’ont pas été déçues. 

À la DGFIP, le cadre A se doit de répondre à une accumulation d’exigences toujours plus lourdes, toujours plus floues. Expertise technique irréprochable, soumission relationnelle à la hiérarchie, alignement sans faille… Le moindre écart, la moindre critique, et c’est la sanction silencieuse : une évaluation défavorable, une demande de révision ignorée par la CAP. L’expression d’un désaccord devient un risque, la singularité un défaut. Le cadre A est prié de se fondre dans le moule, sans bruit.

S’il est évident que le cadre A doit rendre compte, il ne doit plus aujourd‘hui seulement relayer des informations sur la situation du service, mais il faut également les lisser, les édulcorer, taire les dysfonctionnements, sous peine d’être jugé trop abrupt, trop critique, pas suffisamment constructif et voir son CREP dégradé.

Changer de poste, changer de métier, s’adapter sans délai : voilà la norme implicite. Peu importe que l’agent ait besoin de temps pour monter en compétence ou comprendre les enjeux. Il doit être « acteur de son parcours ». L’administration exige une flexibilité de tous les instants.

Le cadre A doit relayer les orientations de la DGFIP sans discuter. L’adhésion n’est pas une option, c’est une obligation. Refuser, questionner, ou simplement prendre du recul, c’est s’exposer à être perçu comme défaillant, déloyal. Dans un environnement instable et multi-thématique, l’agent doit « entendre le vent du changement »… mais surtout ne pas le contester.

En matière de promotion au grade Idiv à titre personnel, les attendus dépendent plus du contexte relationnel que des compétences. La CAP refuse de requalifier les appréciations, même manifestement injustes. Elle entérine les commentaires au nom d’une prétendue franchise.

Le CREP ne doit pas contenir d’éléments relevant de la vie privée — c’est une garantie importante.

Cependant, certaines situations relationnelles ambiguës au sein de son service peuvent parfois influencer l’appréciation portée dans le CREP, soulevant des interrogations sur les limites entre sphère professionnelle et sphère privée. Cette zone grise invite à une réflexion de fond : jusqu’où l’administration peut-elle s’appuyer sur des éléments personnels, même indirects, au nom de la déontologie ?

Il est essentiel de rester vigilant : la vie privée ne saurait devenir, même de manière implicite, un facteur d’évaluation ou de sanction. Le respect de la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle demeure un principe fondamental.

Face à un modèle managérial de plus en plus exigeant, les cadres A de la DGFIP sont sommés de conjuguer excellence, loyauté et adaptabilité sans jamais faillir. Le CREP, devenu l’outil central de reconnaissance cristallise toutes les tensions : pression hiérarchique, injonctions paradoxales, flou des critères, et parfois même intrusion dans la sphère privée.